La notation occidentale du rythme est une écriture du temps. Ses signes ont une histoire. Chacun connait le principe de la notation moderne selon lequel « deux noires valent une blanche ». Ce système, univoque et binaire, est le fruit de l'évolution d'une notation qui émerge au xiiie siècle, gouvernée par le ternaire, pensé comme une perfection trinitaire, dans laquelle, bien qu'elle soit précise, il n'y a pas de relation absolue entre la graphie des signes, leur nom et leur durée.
Durant les deux siècles qui suivent, la richesse d'invention et l'ingéniosité de cette écriture du rythme se traduisent par une prolifération de signes, souvent équivoques, et de leur règles d'interaction. Mieux, au tournant des xiv et xve siècles, le temps étant désormais pensé comme un continu, on y emploie des proportions. La notation moderne recèle quelques vestiges de cette richesse aujourd'hui disparue.