Depuis sa genèse dans les écritures administratives et quotidiennes, l'écriture cursive s'est opposée aux styles classiques et n'a cessé de transformer la calligraphie chinoise. La cursive folle apparue entre le VIIe et le VIIIe siècle est généralement considérée comme un sommet de la calligraphie chinoise en tant que forme d'expression personnelle. Cependant, les théoriciens ont longtemps négligé le fait que la notion d'« écriture d’un seul tracé » (yibishu 一筆書) illustre déjà la volonté de transformer l'écriture en un élan continu et ainsi de créer un effet de geste infini. Écrire d'un seul tracé est pourtant une étape décisive dans le geste calligraphique qui précède la cursive folle. Comprendre l'invention du yibishu éclaire l'évolution de la cursive à ses niveaux historique, religieux et philosophique. À travers l'analyse d'ouvrages et de traités théoriques, prenant en compte les découvertes archéologiques, cette étude vise à révéler une étape importante qui est longtemps restée masquée dans l'art chinois de l'écriture.