Cet article se propose d’analyser les fonctions et les usages de la cartographie dans les poèmes de Julien Blaine et de Bernard Heidsieck respectivement intitulés astrologico-nomie (1968) et Vaduz (1974) à la lumière des principales caractéristiques de leur faire scriptural et de leurs techniques d’extraction de la poésie que les deux poètes déploient simultanément depuis le milieu des années 1950 pour la sortir du médium livresque et qu’ils appliquent, ici, aux représentations de la Terre. Plus précisément, il s’agit d’étudier la façon dont ils rendent à l’écriture alphabétique les parts d’iconicité et d’oralité qui lui reviennent, notamment au moyen de la « Lecture/Performance » ou de la « Lecture/Action/Diffusion ». Puis, il est question de comprendre dans quelle mesure Blaine et Heidsieck entrent en possession de ces régimes de représentations et de ces instruments de connaissance dans une perspective de création d’un paradigme d’approches plurielles de l’écriture. Il s’agit également de voir comment la ressaisie performative des inscriptions et des tracés de ces représentations imprimées, qui sont des produits de l’industrie humaine, entend faire acte de mémoire de civilisations délaissées dans une société qui présente les preuves d’un faire scriptural omis ainsi que faire acte de résurgences d’une écriture habitée par l’homme, l’astrologie et la nature.