Le moji-e constitue sans conteste un type curieux d’imbrication entre écriture et image au Japon. Le mot, qui combine moji (écriture) et e (image), apparaît à l’époque d’Edo (1603-1868), pour désigner des motifs, le plus souvent des personnages, réalisés à l’aide de caractères d’écriture. Les poètes ne sont pas absents du corpus, et présentent deux caractéristiques importantes : d’une part, la présence, dans un nombre de cas significatif, d’un poème dans le vêtement du personnage au lieu de son nom ; d’autre part, l’extrême complexité que présente le déchiffrement de certains moji-e. Comment lisait-on un moji-e poétique ? L’article tente de formuler quelques réponses à partir d’un corpus prenant pour sujet le poète Hitomaro, l’un des personnages les plus couramment représentés jusqu’à l’ère Meiji (1868-1912), et dont les variations offrent un réservoir formel précieux.