Rencontre intellectuelle et expérience sensible, la mission de terrain est un moment crucial du travail de l’épigraphiste et le premier lieu de savoir de la discipline. Au cours de la mission, les experts produisent une documentation hétérogène. Cet article analyse deux supports de notation du savoir en épigraphie médiévale, à deux moments distincts : dans les années 1970, avec les carnets de la première équipe de médiévistes épigraphistes en France et dans les années 2020, avec les fiches de terrain d’une équipe internationale. Observer, localiser, déchiffrer, mesurer par soi-même l’artefact inscrit sont les diverses actions dont les résultats sont notés de manière libre ou codifiée sur ces supports. L’influence du numérique et du tournant matériel se lisent sur les fiches, tandis que les carnets insistent sur les interactions avec ceux qui conservent les inscriptions ; ces deux types d’écriture intermédiaire montrent chacune les marques de subjectivité et les intuitions scientifiques.