L’étude qui suit rend compte du vécu de terrain d’une épigraphiste au travail dans les montagnes d’Iran, sur la trace d’inscriptions d’époque sassanide. Elle souligne l’extrême difficulté de repérer les textes rupestres – même maintes fois publiés – dans l’immensité du paysage iranien et l’importance fondamentale des intermédiaires de travail. Trouver quelques lignes de texte gravées sur une pierre dans une vallée relève de l’impossible sans l’aide d’un guide local, et plus particulièrement d’un berger, habitué à arpenter la montagne avec ses troupeaux. Certaines inscriptions et sites clés offrent l’occasion d’une réflexion sur l’histoire de la recherche qui a conduit au déchiffrement de ces textes rupestres, et l’histoire des techniques qui ont été utilisées – et celles qui sont actuellement lesmieux adaptées – pour les documenter, permettant une mise en regard des vécus de terrain passés et présents. La vie houleuse et plusieurs fois millénaire des inscriptions moyen-perses ne s’arrête pas à leur publication papier. Le travail de terrain permet d’en entrevoir les dimensions multiples et les nombreux rebondissements.