Les différents sens du mot écran peuvent apparaître paradoxaux, celui-ci désignant à la fois un objet d’ouverture et de fermeture, de dissimulation et d’exposition. Or, l’écriture littéraire du XIXesiècle éclaire cette évolution sémantique qui prend de plus en plus d’importance dans la pensée artistique. Éventail oriental très à la mode, l’écran métaphorise la dissimulation entre les êtres sociaux dans les œuvres d’Honoré de Balzac. L’aspect décoratif de cet objet le dirige cependant vers l’idée d’un support, lieu de projection du rêve, de l’imagination chez George Sand ou Maxime Du Camp, avant de participer aux descriptions picturales de Pierre Loti. Devenant dès lors une toile de création, l’écran ne pouvait qu’être un outil théorique idéal dans la réflexion d’Émile Zola et Stéphane Mallarmé sur ce qu’est une œuvre d’art.