Cet article propose d’expliciter la notion d’écran, réputée difficile à cerner chez Anne-Marie Christin. En menant une enquête sur les usages du terme dans son œuvre (relevé statistique, chronologique et analyse des co-occurrences) et en reconstituant le contexte scientifique de l’époque et les débats qui animent les spécialistes de l’écriture, nous avons retracé la « vie » de cette notion de son premier emploi à sa dernière attestation. En partant de la notion polysémique d’écran, Anne-Marie Christin va élaborer progressivement le concept de « pensée de l’écran » qui donne à sa théorie de l’écriture une cohérence ultime. La thèse majeure de l’iconicité et de la spatialité de l’écriture, au fondement de son œuvre, est alors articulée à celle que l’écriture participe d’une « pensée visuelle » spécifique, distincte de son appartenance à la sphère linguistique.