Pierre Lecuire conçoit ses « livres de poète » en regard des réflexions mallarméennes sur le livre. Pour lui, les éléments matériels du livre ne résultent pas d’une recherche esthétique, d’une volonté décorative ou d’une relation homologique entre le texte et les images. Au contraire, la tension créée entre la saisie immédiate des signes graphiques et la lenteur du déchiffrement textuel, liée à la spatialisation typographique, vise à mettre en relation, grâce à une dialectique du sensible et de l’intelligible, un espace physique avec ce que P. Lecuire nomme un « espace-traverse » qui relèverait d’une intuition d’ordre métaphysique. C’est tout particulièrement le cas d’Iblîs (1976) qui confronte un poème inédit de Pierre Lecuire aux burins de Fermín Aguayo. Cet article entend analyser comment les divers régimes de visualité livresque se mettent au service de la « pédagogie spirituelle » déployée par le leporello, pour transformer de l’acte de lire en exercice de vision, d’illumination.