Cette troisième livraison de e/i est consacrée à l’étude des livres peints, imprimés, gravés, manuscrits ou tapuscrits impliquant une réflexion créatrice sur leurs modalités d’inscription. L’accent mis sur les « livres de création » (Pascal Fulacher) vise à ouvrir sur des pratiques éditoriales singulières qui réfléchissent, en les déplaçant, les mises en forme graphiques traditionnelles du livre et de l’écrit. On se propose d’interroger au sein de cette production restreinte, le livre en tant que medium situé au croisement d’une visée éditoriale et d’un geste d’écriture.
Les œuvres abordées dans ce numéro constituent en effet un objet éditorial singulier dans sa matérialité comme dans son élaboration. En tant qu’espace interactionnel, le livre de création constitue un projet exploratoire et collectif que se partagent les acteurs qui concourent ensemble ou séparément à sa genèse. Les créateurs se saisissent des éléments du dispositif éditorial, les éditeurs prennent en charge les caractéristiques du texte, notamment en choisissant les paramètres de sa mise en visibilité. Or, ces choix auctoriaux, artistiques ou éditoriaux sont rarement étudiés en eux-mêmes comme gestes configurationnels qui déterminent les formes de production du livre et d’inscription du texte : ces formes sont ainsi volontairement resituées, dans ce numéro 3 d'écriture et image, à la jonction entre les intentions des acteurs et les techniques d'expression mises à leur disposition, qu’ils les adoptent, les adaptent ou les refusent.
Le présent numéro, pratiquant comme les précédents, l’hétérogénéité des approches et des œuvres, se propose de réfléchir à partir de plusieurs cas concrets à l’interaction créative entre configuration éditoriale et inscription auctoriale ou artistique en confrontant les regards de praticiens du livre (éditeurs, poètes, artistes, graphistes) et de chercheurs accordant leur attention aux œuvres qui assument un « pas de côté » (Tita Reut), dans la présentation éditoriale du livre et l’inscription du texte.